August 21, 2024
Un nouveau rapport d'Ekō révèle “un désinvestissement clair, rapide et délibéré” d'AXA, suite à une campagne menée sur plusieurs années par des défenseurs des droits humains.
21 août 2024 — Une victoire majeure vient d'être remportée par les défenseurs des droits humains qui luttent contre la complicité des entreprises dans les crimes persistants d'Israël à l'encontre des Palestiniens. Un rapport récent d'Ekō révèle qu'AXA, le géant français de l'assurance, a été contraint de céder ses investissements restants dans l'ensemble des banques israéliennes finançant les colonies illégales construites sur des terres palestiniennes volées. Ces institutions bancaires ont été condamnées par les Nations Unies et d'importantes organisations de défense des droits humains pour leur implication dans des crimes de guerre à l'encontre des Palestiniens.
Le nouveau rapport d'Ekō, basé sur les données et analyses de l'organisme de recherche indépendant Profundo, révèle qu'au 30 septembre 2023, AXA détenait encore plus de 2,5 millions d'actions, d'une valeur excédant 20 millions de dollars, investies dans trois banques israéliennes : Bank Hapoalim, Israel Discount Bank et Bank Leumi. Le 24 juin 2024, sous la pression croissante d'Ekō, de la coalition mondiale "Stop AXA Assistance for Israeli Apartheid", et de millions de personnes à travers le monde dénonçant le génocide en cours et l'escalade des violations des droits fondamentaux des Palestiniens, AXA s'est désengagé de ces trois banques complices. Le rapport confirme également qu'AXA n'a pas réinvesti dans Bank Mizrahi-Tefahot ni dans First International Bank of Israel depuis au moins le 31 décembre 2022 – deux autres banques ciblées par les activistes.
Leili Kashani, chargée de campagnes au sein de l’ONG Ekō affirme : “Notre dernier rapport démontre qu'AXA a procédé à un désinvestissement clair, rapide et délibéré des banques israéliennes, longtemps ciblées par Ekō et d'autres défenseurs des droits humains pour leur complicité dans les crimes de guerre contre les Palestiniens.”
“Nos données ainsi que les chutes significatives observées dans nos graphiques, et ce malgré des cours de bourse stables ou en hausse, prouvent que le désengagement d'AXA résulte de pressions externes visant à mettre un terme aux crimes contre les Palestiniens, plutôt que d'une réaction aux fluctuations du marché.”
Elle ajoute : “C'est une victoire importante pour le mouvement grandissant en faveur des droits des Palestiniens, et cela prouve que faire pression sur les entreprises pour qu'elles fassent passer l’humain avant les profits n'est pas seulement éthique, mais aussi efficace.”
“Alors qu'Israël intensifie la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, continue d'affamer et de bombarder 2,3 millions de Palestiniens piégés dans la bande de Gaza, et rase des villes entières, il devient impossible pour toute entreprise de justifier son soutien aux crimes de guerre israéliens. Après le désengagement d'AXA, les investisseurs réfléchiront à deux fois avant d'investir dans des entreprises complices de crimes de guerre.”
Depuis des années, Ekō est membre d'une coalition mondiale qui milite activement pour qu'AXA se désengage des cinq plus grandes banques israéliennes complices de crimes de guerre contre les Palestiniens, ainsi que d'Elbit Systems, le plus grand fabricant d’armes israélien. Ensemble, cette coalition « Stop AXA Assistance to Israeli Apartheid » a réussi à remporter une première victoire, avec la publication par Ekō d'un rapport accablant, déclencheur du retrait progressif d'AXA d'Elbit Systems : d'abord partiellement en décembre 2018 et mars 2019, puis intégralement avant la fin 2019. Dans la foulée, la coalition a obtenu le désengagement d'AXA de deux banques israéliennes, Bank Mizrahi-Tefahot et First International Bank of Israel, fin 2022. Le récent retrait d'AXA des trois dernières banques israéliennes visées marque l'aboutissement de la campagne initiale d'Ekō et de ses partenaires.
Au fil des années, la campagne contre l'assureur français a suscité un élan public retentissant. Plus de 175 000 personnes ont signé la pétition d'Ekō appelant AXA à se désinvestir des banques qui financent les colonies israéliennes illégales sur des terres palestiniennes volées. L'hiver dernier, Ekō a co-organisé des manifestations devant le siège d'AXA à Londres, lors d'une mobilisation historique rassemblant des militants pour le climat et les droits des Palestiniens. À l'approche de la dernière assemblée générale d'AXA, les membres d'Ekō ont envoyé 18 000 courriels personnalisés aux dirigeants du groupe, tandis que des militants ont remis la pétition aux bureaux d'AXA en Belgique, en Irlande et en Espagne.
Lors de l'assemblée générale d'AXA en avril dernier, le PDG s'est vu interpellé par un membre d'Ekō, également actionnaire. Acculé, il a dû pour la première fois évoquer les pressions subies concernant les investissements du groupe, déclarant que l'entreprise n'avait “aucun” investissement direct ou indirect dans les banques israéliennes. Bien qu'il n'ait jamais reconnu l'existence antérieure de tels investissements ni répondu aux sollicitations d'Ekō, il est désormais avéré qu'au moment de cette réunion, AXA s'était effectivement retiré de l'ensemble des banques israéliennes complices.
Fiona Ben Chekroun, coordinatrice européenne du mouvement palestinien BDS, déclare : “Le retrait confirmé d'AXA de toutes les banques israéliennes et d'Elbit Systems marque un tournant décisif pour le mouvement BDS et nos alliés. Ce résultat couronne des années d'efforts stratégiques visant à défendre et préserver les droits fondamentaux du peuple palestinien.
Les grands groupes cherchent à nous faire croire qu'ils sont intouchables, mais la pression exercée par BDS démontre son efficacité. Nous nous appuierons sur cette victoire afin de poursuivre notre combat pour la liberté, la justice et l'égalité.”
Elle ajoute : “Bien que cette campagne soit un succès, cela ne signifie pas que nous donnons un blanc-seing à AXA. Nous continuerons à surveiller les investissements d'AXA pour nous assurer qu'elle n'est pas complice du génocide israélien en cours à Gaza.”
La publication du rapport d'Ekō sur le désengagement d'AXA des banques israéliennes impliquées dans le financement des colonies illégales intervient dans le sillage d'une décision capitale de la Cour internationale de Justice. Celle-ci a récemment déclaré illégaux l'apartheid israélien envers les Palestiniens, ainsi que l'occupation militaire et l'annexion de territoires palestiniens. La CIJ souligne sans ambiguïté que l'ensemble des acteurs – États, collectivités locales, entreprises et institutions – ont l'obligation de cesser toute participation à ces graves violations du droit international, une injonction qui s'applique donc à des groupes comme AXA.